Brigitte Bardot se lit sur la plage cet été: deux livres à découvrir sur "la reine des contradictions" et "un modèle sociétal"
Mais que diantre sont-ils tous venus faire dans cette station balnéaire de la Costa del Sol ? En 1968, Almería est envahie par huit films tournés simultanément, au point de voir la province se proclamer " Capitale mondiale du cinéma " devant Hollywood ! C’est cette période que relate Philippe Lombard, journaliste spécialisé dans le 7e art, dans un ouvrage aussi caniculaire que notre été, pour toutes ces stars en plateau dans le désert andalou.
En vedette, Brigitte Bardot, qui retrouve Sean Connery sur le tournage du westernisant Shalako. Si lui vient de mettre fin au contrat " 007 ", elle est en pleine rupture avec Serge Gainsbourg qui se morfond...
Après Angélique, son ami Robert Hossein passe lui devant et derrière la caméra pour Une corde, un colt…, toujours avec Michèle Mercier. Pendant ce temps, Michael Caine joue de la mitrailleuse en soldat dans Enfants de salauds (Play Dirty).
En marge des tournages ce sont flirts contrariés, batailles d’ego, fiestas mémorables et règlements de comptes que narre Lombard. Un film dans les films, écrit de façon rythmée via une accumulation de chapitres courts. Bouillant et "tarantinesque" à souhait !
>Des stars, du sable et des larmes - Almería 68, par Philippe Lombard, Hugo Doc, 240 p., 19,95 euros.
Une reine de "contradictions" et un modèle sociétalLe « petit livre jaune » sur B.B. n’a rien du énième ouvrage prétexte sur le « mythe Bardot ». En investissant la collection « Icônes » dont Marguerite Duras et Simone de Beauvoir ont déjà eu les honneurs, l’historien et critique de cinéma Antoine de Baecque (Cahiers du cinéma, Libération...) inspecte en profondeur une personnalité tropézienne qui continue à largement occuper l’espace médiatique à travers ses combats.
Son postulat ? « Explorer les paradoxes qui traversent la vie de la femme la plus photographiée au monde », Brigitte Bardot. Elle a révolutionné le féminin car elle était « autant le chasseur que la proie », débute l’auteur à propos de celle que Sagan admirait en femme « irréconciliable, irrécupérable, sans contrainte » tout en assumant le statut de « femme-objet ».
Voici comment cet essai tente de recomposer en une quinzaine d’angles un portrait kaléidoscopique qui fait le grand écart. Entre l’incarnation de « la femme modèle d’une nouvelle génération » à l’égérie barricadée dans une « vieille France fantasmée », écrit de Baecque.
L’auteur a l’avantage de prendre du recul et de cerner toutes ses contradictions sans tremper sa plume dans le fiel. Il s’en tient ainsi à conclure sobrement en relevant que Brigitte n’est autre que le « symbole » d’une « néfaste évolution » de la société française dans son ensemble. A apprécier à l’aune de ses convictions bien entendu, au risque de tomber de son hamac !
>Bardot, par Antoine de Baecque, les Pérégrines - Icônes, 176 p., 16 euros.
Var-Matin